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réalité ou illusions perdues ?
10 juin 2012

L'Islande, un modèle pour la Grèce ?

Comment l'Islande est sortie de l'enfer

 

Le Point.fr - Publié le 26/02/2012 à 08:57

 

L'Islande, qui a connu l'effondrement de son système bancaire, s'est relevée en moins de cinq ans. Un modèle pour la Grèce ?

Propos recueillis par ANTOINE GRENAPIN

 

À la mi-février, l'agence de notation Fitch a relevé d'un cran la note de l'Islande. À l'heure où un second plan d'aide à la Grèce a été adopté par les ministres de l'Union européenne, l'Islande, premier pays frappé par la crise financière, se relève. Sa croissance devrait afficher cette année plus de 3 %, le taux de chômage est retombé à 7 %, l'endettement des ménages s'est contracté et la balance commerciale est positive.

Michel Sallé, titulaire d'un doctorat en sciences politiques et spécialiste de l'Islande, revient pour Le Point.fr sur ces cinq années de gestion de crise par ce petit État insulaire.

Le Point : En octobre 2008, moins d'un mois après la faillite de Lehmans Brothers, la crise financière frappe de plein fouet l'Islande. Quelle a été alors la réaction dominante des habitants ?

Michel Sallé : Ça a été un grand coup de massue pour l'ensemble des Islandais. Pourtant, ce n'est que la conséquence d'une situation alors connue : les trois principales banques, qui gèrent essentiellement des actifs en Europe, représentaient plus de dix fois le PIB du pays. On savait qu'elles avaient des problèmes de financement après la crise des subprimes. Avant la faillite, c'était la martingale avec les produits financiers : le rêve que l'Islande puisse devenir à terme un nouveau Luxembourg. Et les Islandais étaient d'ailleurs très fiers d'être perçus comme performants dans ce domaine.

Pourtant, en l'espace d'une semaine, la situation s'est dégradée violemment...

Un vrai choc : tous les jours, des catastrophes étaient annoncées. L'économie entière s'est arrêtée, il n'y avait plus d'argent ! La société, en Islande, fonctionne beaucoup à crédit, ce qui est encouragé par le caractère très entreprenant, très aventureux des Islandais. Ils aiment prendre des risques pour leur bien-être ou leurs projets. Pendant longtemps, l'appétit de consommation à crédit a été facilité par une inflation à deux chiffres, et l'habitude est restée. Ainsi, une grande partie des ménages avait contracté des emprunts en devises étrangères pour financer maison, agrandissement ou encore voiture. Avec la crise, la devise du pays, la couronne islandaise, s'est effondrée, passant de 120 couronnes pour 1 euro à près de 200.

L'immigration a également été touchée par la crise. Comment s'est-elle adaptée ?

Avant la crise, l'immigration avait atteint 10 % de la population avec une grande majorité de Polonais. Membres de l'Union européenne, travailleurs motivés, ils se sont installés, attirés par des salaires élevés, à un moment où la couronne islandaise était dévaluée. Nombre d'entre eux travaillaient dans les ports de pêche et sur les chantiers de construction. Ces derniers ont été arrêtés net lors de la crise. Beaucoup de Polonais sont alors rentrés chez eux. Mais il est apparu rapidement que la condition de chômeur en Islande est plus avantageuse qu'en Pologne. Alors, la majorité de ceux qui sont partis sont revenus dans l'État insulaire.

Au début de la crise, le gouvernement du moment, de droite libérale, ne tarde pas à réagir...

Dans un premier temps, une loi est promulguée, notamment pour autoriser la nationalisation des banques. Les trois banques du pays, Glitnir, Landsbanki et Kaupthing, étaient gérées comme des pompes à fric par leurs dirigeants qui multipliaient les investissements parfois hasardeux. Techniquement, le gouvernement a créé des banques de dépôt, pour les substituer aux banques existantes en faillite, puis les ont recapitalisées avant de vendre deux d'entre elles à des institutions financières européennes.

C'est également à ce moment que l'Islande prend les premiers contacts avec d'autres pays, et le FMI, pour être soutenue financièrement...

Dans un premier temps, les pays nordiques sont sollicités, mais ceux-ci renvoient les Islandais au FMI. Le FMI avait envoyé une mission dès l'été qui a précédé la crise. Très vite, à la fin du mois d'octobre 2008, le projet d'une aide de 5 milliards d'euros est bouclé. Il inclut une aide directe du FMI et une autre des pays scandinaves et de la Pologne. Pour l'anecdote, les îles Féroé sont le seul pays à n'avoir exigé aucune condition : le Parlement s'est mis d'accord, à l'unanimité et sans débat, pour une aide de 40 millions d'euros. Un appui conséquent pour un pays qui compte 48 000 habitants.

Que stipulait le plan du FMI ? N'était-il pas trop exigeant envers la population ?

Outre l'aide financière, l'institution internationale a apporté la compétence de ses fonctionnaires pour mettre en place le redressement économique et rendre crédibles les décisions islandaises. De plus, vraisemblablement sous l'influence de Dominique Strauss-Kahn, le FMI n'a pas exigé de coupes budgétaires drastiques dès la première année. Les Islandais avaient suffisamment de problèmes comme ça...

La population, elle, continue de manifester...

Depuis le début de la crise, tous les samedis, les manifestants ont été de plus en plus nombreux à Reykjavik. On a compté jusqu'à 6 000 manifestants. C'est impressionnant dans un pays qui compte 300 000 habitants. D'abord, ils ont réclamé le départ de David Oddsson, alors président de la Banque centrale islandaise. Premier ministre de 1991 à 2004, c'est lui qui a organisé la libéralisation à tout-va. Si Oddsson est remplacé en février 2009, les revendications des manifestants s'étendent progressivement à l'ensemble du gouvernement. Et puis le rêve du "grand soir" anime les manifestants - et enthousiasme des politiques français à l'époque. Il y a toujours eu un fond d'antiparlementarisme fort en Islande. Les manifestants, eux, souhaitaient en finir avec des responsables politiques qui se partagent le pouvoir de père en fils et qui sont considérés comme une clique, une mafia...

La crise a-t-elle été une occasion de mettre en cause le système politique ?

La crise a bouleversé le paysage politique national : la gauche est devenue majoritaire à l'Assemblée et de multiples partis ont émergé. D'ailleurs, un humoriste a fondé fin 2009 le "Meilleur parti" et... a été élu maire de Reykjavik ! Récemment, trois nouveaux partis ont été créés, ce qui montre combien la population est désorientée, combien elle est déçue par la majorité en place, alors que celle-ci est en passe de sortir le pays de la crise dans de bien meilleures conditions que prévu... Simultanément, le Parti de l'indépendance, au pouvoir lors de la crise, a regagné ses positions. Comprenne qui pourra !

Les tensions politiques sont aussi liées au cas Icesave. Parmi les 340 000 épargnants de cette banque en ligne, agence de la banque islandaise Landsbanki, nombre d'entre eux sont britanniques ou hollandais. Et les gouvernements de ces deux pays demandent des comptes...

Créée en 2006, cette banque proposait à ses clients d'ouvrir des comptes en bénéficiant de taux bien plus élevés que ses concurrentes. Après la faillite de la banque en 2008, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas indemnisent leurs ressortissants discrètement, sans prévenir l'Islande, puis lui envoient la facture. Sous une forte pression, le gouvernement islandais accepte, en novembre 2008, le remboursement. Cet accord (juin 2009) est modifié par le Parlement, et la nouvelle loi est ratifiée sans difficulté. Mais les modifications sont refusées par les Britanniques et les Hollandais, une nouvelle négociation a lieu, et une nouvelle loi est votée fin 2009. Simultanément, une pétition recueille plus de 50 000 signatures et pousse le président islandais à ne pas ratifier cette loi, ce qui provoque un référendum. En mars 2010, l'accord sera rejeté par les Islandais par 93 % des suffrages.

Le scénario va se réécrire : en mai 2011, la population va rejeter un nouvel accord...

La Grande-Bretagne et les Pays-Bas acceptent de reprendre les négociations. Une nouvelle fois, le président ne ratifie pas la loi issue de cet accord, pourtant plus avantageux que le premier. Le référendum qui en découle voit le non s'imposer à 60 %. Les électeurs refusent de payer pour les gaffes commises par les banquiers de l'époque, alors même que la vente des actifs de Landsbanki couvrira la dette et que le contribuable n'aura rien à débourser. Aujourd'hui, l'Islande est dans l'attente du jugement de la Cour de justice de l'AELE (l'Association européenne de libre-échange a ensuite engagé une action contre l'Islande).

La sortie de crise a semblé laborieuse, avec un changement de majorité, avec ces deux refus populaires. Pourtant, aujourd'hui, l'économie s'est bel et bien relancée. Qu'est-ce qui explique cet état de fait ?

On ne peut pas dire que ce soit grâce aux référendums, d'autant que la gestion d'Icesave aurait coûté bien moins cher si le premier accord avait abouti. Parmi les raisons du redressement, l'aide du FMI a été primordiale, tout comme la recapitalisation des banques ou encore la dévaluation de la couronne, qui a permis à l'Islande d'avoir une balance commerciale positive dès la fin de 2008. Mais un des facteurs les plus importants, souvent oublié, est la signature fin juin 2009 du Pacte de stabilité. De longues discussions entre le patronat et les syndicats, publics et privés, ont alors abouti à cet accord, véritable feuille de route destinée au gouvernement. Ce pacte porte non seulement sur le gel des salaires, mais aussi sur le budget, la résorption partielle de l'endettement des ménages ou encore le démantèlement progressif du contrôle des changes. De plus, la faiblesse de la couronne a entraîné un véritable boom dans le secteur touristique.

La Grèce pourrait-elle s'inspirer de la façon dont l'Islande a géré la crise ?

Il serait très réducteur de comparer les deux situations. L'Islande a connu une véritable crise financière, qui a eu pour conséquence une crise des liquidités, un peu semblable à ce qui s'est passé en Irlande. En somme, on ne peut à proprement parler de crise économique pour l'Islande qui, à la différence de la Grèce, avait une bien meilleure capacité à faire face à la situation. En Grèce, les failles du système économique sont beaucoup plus importantes.

L'adhésion à l'Union européenne est un enjeu politique majeur en Islande qui fait déjà partie de l'Espace économique européen (EEE) et de l'espace Schengen. La résolution de la crise aurait-elle été différente si l'Islande avait été un pays membre de l'Union européenne ?

Il y a beaucoup de débats à ce propos, dans lesquels on peut démontrer ce qu'on veut ! Un fait indéniable, en revanche : si elle avait été membre de la zone euro, l'Islande n'aurait pas pu dévaluer sa monnaie comme elle l'a fait. Pourtant, il est difficile d'être catégorique. En effet, on constate actuellement que l'État insulaire a toujours de réelles difficultés à financer les investissements nécessaires à la relance, là où l'Union européenne aurait pu soutenir cet effort. C'est pourtant un élément essentiel pour s'extraire durablement de la situation de crise qu'a connue l'Islande, et c'est d'ailleurs l'un des enjeux de la négociation en cours.

 

Le Yéti
yetiblog.org

Publié le 14/05/2012 à 10h55

Qui sait ce qui se passe vraiment en Islande ? Sinon que la population y a vaguement envoyé bouler ses créanciers par référendum. Et qu’un de ses volcans est venu faire tousser nos aéroplanes. A part ça, rien ou pas grand-chose. Chape de plomb des médias microcosmiques sur ce genre de cousin honteux dont les familles rangées préfèrent en général taire l’existence.

D’infos parcellaires en révélations inédites, on peut pourtant commencer à se faire une idée de ce qui se passe dans ce petit pays nordique célèbre pour ses sources chaudes et son audace sociale : trouvez donc un autre pays où la Première ministre est officiellement mariée à une autre femme.

Un petit qui n’a pas eu peur des grands

Revenons à ce qui nous intéresse : la fameuse crise financière de 2008 qui faillit couler l’île et de la façon dont celle-ci échappa brillamment au naufrage en plusieurs étapes qui méritent de rester dans les annales des hauts faits démocratiques :

  • gouvernement contraint à le démission par pression populaire ;
  • nationalisation des banques du pays ;
  • gel de la dette après référendum renvoyant les créanciers assoiffés à leurs chères cassettes ;
  • assemblée constituante de 25 citoyens lambda élus par leurs pairs pour réécrire une nouvelle constitution ;
  • l’ex-Premier ministre jugé pour sa gestion de crise et mise en détention de plusieurs banquiers jugés responsables de la banqueroute (du moins ceux qui n’ont pas réussi à s’enfuir du pays) ;
  • et au bout du compte, une situation économique et financière rétablie en cinq ans 

Une contamination démocratique

Hé hé, oui, je sais que beaucoup, en apprenant ce genre de nouvelles, se sentiront des velléités d’Islandais. Je sais aussi que ceux qui s’efforçaient d’enterrer ces informations, vont sortir leur ultime argument-massue :

« On ne gouverne pas un petit pays riquiqui de 320 000 habitants comme on gouverne une grande puissance de 65 millions de citoyens. »

Tiens donc ! Moi qui m’imaginais que la puissance était justement un moyen de mieux faire entendre son autorité. Mais il se pourrait bien que le modèle islandais contamine certains pays de l’Union européenne en difficultés et qu’on ait des expériences à d’autres dimensions.

La Grèce, par exemple, 11 millions d’habitants, qui pourrait bien donner un nouveau sévère coup de semonce électoral à ses notables politiques ; l’Espagne, 46 millions, où les indignés sont en train de redescendre dans la rue ; l’Italie, 59,5 millions, où gouvernée par des technocrates qu’elle n’a pas élus, une population excédée multiplie les attaques contre les symboles de l’austérité.

Oui, oui, il se pourrait bien très tôt que l’expérience islandaise fasse de beaucoup plus grands petits. Et qui n’entend pas les grommellements rageurs des importants marris : « Purée, fait chier, leur démocratie ! »


Pourquoi les médias nous informent-ils pas de ce qu'il se passe en Islande ?

 

 

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