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réalité ou illusions perdues ?
20 décembre 2011

Irak, une guerre coûteuse pour le contribuable américain

Une guerre à mille milliards de dollars

blog.mondediplo.net - lundi 19 décembre 2011, par Philippe Leymarie

 

Départ au pas de course : l’évacuation, ce dimanche, du dernier convoi de GI’s marque la fin de l’aventure américaine en Irak. L’invasion du pays, en mars 2003, sous le prétexte (mensonger) de l’existence d’armes de destruction massive, suivie d’une chute-éclair du régime de Saddam Hussein, avait débouché sur une guerre contre-insurrectionnelle de plus de huit ans, dont le coût humain et financier a été dément…

L’armée américaine a compté jusqu’à 170 000 hommes sur le terrain (pic d’octobre 2007). En octobre dernier, ils étaient encore 39 000. Ne restent sur place désormais que 160 soldats, dont une compagnie de marines pour la protection de l’ambassade américaine à Bagdad, et 157 personnels accompagnant les livraisons d’armes à l’armée irakienne.

Faute d’avoir obtenu une prolongation du régime d’immunité juridique pour ses soldats, Washington a renoncé au stationnement – longtemps envisagé – d’une force de 15 000 à 20 000 hommes jusqu’en 2012 (et plus, si affinités…), au titre de la formation des soldats irakiens et de la protection des milliers de diplomates, agents, et ressortissants américains qui restent sur place.

Les projets ambitieux du département d’Etat pour l’Irak futur, qui avaient été élaborés alors que les militaires insistaient pour maintenir un contingent significatif en 2012, ont finalement été abandonnés : il a été décidé, par exemple, de ne pas ouvrir de consulats à Mossoul, Kirkouk et Bassorah, comme le demandait le gouvernement irakien.

Mais la nouvelle ambassade américaine à Bagdad reste la plus importante au monde. Et des centaines de « contractors » civils américains continueront d’écumer le marché de la sécurité privée, ou de participer à l’entraînement des forces irakiennes, lesquelles occuperont certaines des 505 bases abandonnées par l’armée américaine du nord au sud du pays.

Poids des vétérans

Depuis l’invasion de mars 2003, au moins 104 000 civils irakiens [1] sont morts des causes directes du conflit. Il faut y ajouter 20 000 soldats et policiers irakiens, et plus de 19 000 insurgés. Certaines catégories socio-professionnelles ont été particulièrement touchées : les universitaires (464 tués), les journalistes (174).

Côté coalition, les Etats-Unis ont perdu 4 487 hommes (dont 3 518 au combat), et 31 921 militaires américains ont été blessés dans les combats, selon les chiffres du Pentagone. 2097 employés civils de sous-traitants du gouvernement américain ont également été tués. Le Royaume-Uni, second contingent, a de son côté perdu 179 soldats.

Lors du déclenchement de l’opération Iraqi Freedom, 150 000 soldats américains étaient déployés en Irak, soutenus par 120 000 autres militaires depuis l’extérieur. Plus de 40 000 Britanniques ont également participé à l’invasion. Les effectifs du corps expéditionnaire avaient décru jusqu’à l’envoi, début 2007, d’un renfort de 30 000 hommes pour tenter d’endiguer l’explosion de violences.

Un accord signé en novembre 2008, sous l’administration Bush, prévoyait la fin de l’opération en septembre 2010, avec retrait échelonné du gros des troupes. Mais un contingent d’une cinquantaine de milliers d’hommes était resté sur place, au titre de la formation de l’armée nationale.

Les opérations en Irak depuis 2003 avaient été budgétisées à hauteur de 770 milliards de dollars, sur des lignes spéciales consacrées aux opérations extérieures. Une fraction indéterminée du budget du Pentagone a également servi à financer, de fait, la guerre en Irak.

Il s’y ajoute le coût de l’aide à l’Etat irakien, et de la prise en charge des blessés et des vétérans américains (au nombre de 1 250 000, avec ceux d’Afghanistan). Il a été calculé que le coût des soins et des pensions d’ici 2055 pourrait varier entre 345 et 470 milliards de dollars. [2] Voilà pourquoi on devrait être, pour le seul Irak, dans cette fourchette des mille milliards…

Pas avant 2020

En ce jour symbolique de départ du dernier convoi, l’Agence France Presse (AFP) a listé les problèmes qui, eux, restent :

Territoires disputés : les Kurdes, largement autonomes, revendiquent la souveraineté d’une bande longue de 650 km riche en hydrocarbures, à cheval sur quatre provinces (et comprenant la ville multiethnique de Kirkouk).

Violences et tensions religieuses : l’insurrection sunnite a reflué depuis le pic des violences de 2006-2007, mais attaques, exécutions et rapts restent fréquents. Le gouvernement dominé par les chiites accuse les anciens partisans sunnites de Saddam Hussein de comploter pour revenir au pouvoir et les réprime durement.

De son côté, « L’Etat islamique d’Irak », ombrelle de groupes affiliés à Al-Qaida, a mené des attentats spectaculaires visant notamment les forces de l’ordre, les pèlerins chiites et la communauté chrétienne.

Crise syrienne : la Syrie partage 600 km de frontières avec l’Irak. Bagdad dépend aussi beaucoup pour son alimentation de la Syrie. Une chute du régime alaouite de Bachar Al-Assad et l’arrivée au pouvoir de sunnites à Damas pourraient pousser des milliers de réfugiés en Irak et raviver le conflit chiites-sunnites.

Influence iranienne : l’Iran est soupçonné d’exercer une grande influence sur le gouvernement et d’entretenir des milices chiites responsables d’attentats anti-américains. Washington les accuse de vouloir former « un gouvernement dans le gouvernement », à l’image du Hezbollah libanais.

Faiblesse et corruption des institutions : l’Irak n’a pas depuis deux ans de ministre de l’intérieur et de la défense, faute de compromis entre factions politiques. Le pays est l’un des plus corrompus au monde, selon Transparency International. Certaines provinces réclament un statut d’autonomie, à l’exemple du Kurdistan. L’armée sera incapable de défendre les frontières et l’espace aérien avant 2020, selon son chef d’état-major.

Pétrole : il n’y a toujours pas de loi régissant l’exploitation des ressources en hydrocarbures, première source de revenus du pays.

Problèmes sociaux : un quart de la population vit dans la pauvreté. La condition des femmes s’est nettement dégradée depuis 2003. L’Irak compte quelque 1,75 million de déplacés internes et réfugiés.

Séparatistes kurdes : le PKK turc et le PJAK iranien disposent de bases dans le nord irakien. Les armées turque et iranienne y mènent des opérations militaires.

Conflit avec le Koweït : les relations restent tendues depuis l’invasion de 1990, avec des contentieux sur les réparations et le tracé de la frontière. L’Irak accuse aussi le Koweït de bloquer son accès à la mer en bâtissant un port qui gênerait ses exportations de brut.

Socle idéal

Au total, le président Obama aura réussi à tenir ses promesses au Congrès, avec un retour de ses « boys » avant Noël, même si c’est sans triomphe, et si une partie de l’opinion américaine s’interroge : cela en valait-il la peine ? La majorité de la population irakienne semble soulagée, même si certaines communautés (sunnites, chrétiens) peuvent s’inquiéter pour leur avenir, notamment en termes de sécurité.

A Mossoul, lors de la fermeture de la grande base américaine, fin octobre, la foule brandissait des drapeaux irakiens, et des affiches : « Félicitations à la ville de Mossoul en ce grand jour qui a vu partir les dernières troupes d’occupation ».

Le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, reconnaissait récemment qu’il ne pouvait compter au parlement sur une majorité accordant aux soldats américains l’immunité juridique à partir de l’an prochain (raison pour laquelle l’OTAN vient également de faire savoir qu’elle mettait fin à son opération de formation des militaires irakiens).

Si le gouvernement actuel de l’Irak, réputé faible et divisé, faisait face à une explosion de violence, il pourrait cependant demander l’aide de son protecteur américain qui restera un acteur de premier plan sur toute la côte sud du Golfe, notamment au Koweit.

L’ex-ambassadeur américain en Irak, Christopher Hill, exprime son appréhension [3] : le maintien d’une forme d’intervention pouvait-il forger cette alliance solide que les Etats-Unis espéraient alors même que le conflit a fait tant de victimes de part et d’autre, et vidé les coffres du Trésor américain ? « Nous pouvons déclarer que l’Irak est notre allié ; mais une invasion ne sera jamais le socle idéal pour une alliance ».

 

Notes

[1] Iraq Body Count, une ONG britannique, évalue les pertes civiles entre 103 775 et 113 680, au 30 novembre 2011.

[2] Fin 2010, les Etats-Unis avaient déjà dépensé près de 32 milliards de dollars pour la prise en charge des soins médicaux des blessés et le versement des pensions d’invalidité (dont les vétérans bénéficient à vie).

[3] Tim Arango et Michael S. Schmidt, « U.S. Scales Back Diplomacy in Iraq Amid Fiscal and Security Concerns », The New York Times, 22 octobre. 


Une guerre chère, et pour longtemps

LEMONDE.FR avec AFP | 18.12.11

A l'heure où les finances sont au plus mal, le coût de l'intervention en Irak a cristallisé de nombreux débats aux Etats-Unis, d'autant plus que ce gouffre financier ne se ferme pas avec le retrait des troupes américaines sur le terrain.

Depuis l'invasion américaine du pays en mars 2003, au moins 126 000 civils irakiens sont morts des causes directes du conflit, selon Neta Crawford, professeur à la Boston University. A cela, il faut ajouter 20 000 soldats et policiers irakiens et plus de 19 000 insurgés. Selon l'organisation britannique IraqBodyCount, les pertes civiles s'étaleraient entre 104 035 et 113 680 depuis 2003. Quelque 1,75 million d'Irakiens ont trouvé refuge dans les pays voisins ou ont été déplacés dans le pays, selon l'ONU.

DES EFFECTIFS NOMBREUX ET LOURDEMENT ÉQUIPÉS

Lors du déclenchement de l'opération, quelque 150 000 soldats américains étaient déployés en Irak, soutenus par 120 000 autres militaires américains soutenant l'opération depuis l'extérieur. Plus de 40 000 Britanniques ont également participé à l'invasion. Les effectifs de la coalition tombent ensuite régulièrement et atteignent 165 000 fin 2006 avant que Washington ne décide d'envoyer 30 000 hommes en renfort pour tenter d'endiguer l'explosion de violences. En septembre 2010, l'opération prend fin, 50 000 soldats américains restent sur place pour aider à la formation de l'armée irakienne. Ils doivent quitter le pays d'ici la fin du mois.

Le Pentagone a affecté près de 770 milliards de dollars depuis 2003 aux opérations en Irak. Pris sur le poste des opérations extérieures, ces sommes s'ajoutent au budget du Pentagone, dont une fraction indéterminée a également servi à financer la guerre en Irak. Il faut également ajouter le coût de l'aide américaine à l'Irak, de la prise en charge des blessés, des vétérans.

LE COÛT EXHORBITANT DE LA PRISE EN CHARGE DES VÉTÉRANS

Pour les vétérans, les coûts propres aux conséquences de l'Opération Iraqi Freedom sont difficilement séparables de ceux des opérations en Afghanistan, les quelque 1,25 million de vétérans de ces conflits ayant fréquemment été déployés sur les deux théâtres. De fait, les statistiques publiées par le gouvernement américain ne font pas la distinction entre les deux.

Fin 2010, les Etats-Unis avaient ainsi déjà dépensé près de 32 milliards de dollars pour la prise en charge des soins médicaux des blessés et le versement des pensions d'invalidité, dont les vétérans bénéficient à vie. Les coûts futurs à venir sont exponentiels. Linda Bilmes, professeur à l'université d'Harvard, estime que les coût médicaux et des pensions d'ici 2055 pour les vétérans seront de 346 à 469 milliards de dollars.  


Lesechos.fr • Le 11 mars 2008

 

Selon le Prix Nobel d'économie américain, le coût des opérations militaires américaines en Irak dépasse déjà le coût de la guerre du Vietnam et représente plus du double de ce qu'a coûté la guerre de Corée  

Au moins trois mille milliards de dollars. C'est ce que va coûter aux Américains la guerre en Irak selon le Prix Nobel d'économie américain Joseph Stiglitz, qui vient de co-publier avec Linda Bilmes, professeur à Harvard, un ouvrage sur ce sujet. D'après le livre intitulé "La guerre à trois mille milliards de dollars", "le coût des opérations militaires américaines - sans prendre en compte les dépenses à long terme comme les soins aux vétérans - dépasse déjà le coût de la guerre du Vietnam, longue de 12 ans, et représente plus du double de ce qu'a coûté la guerre de Corée".

DEUX FOIS PLUS QUE L'ESTIMATION DU CONGRÈS

Cette estimation est nettement supérieure à celle du bureau du budget du Congrès américain (CBO), qui estime que les dépenses liées aux guerres menées par les Etats-Unis atteindront entre 1.200 et 1.700 milliards d'ici à 2017.

Après cinq ans de guerre en Irak, les dépenses courantes américaines consacrées à la guerre devraient s'élever à plus de 12,5 milliards par mois en 2008, contre 4,4 milliards en 2003. Avec la guerre en Afghanistan, ce total atteint 16 milliards mensuels, soit le budget annuel de l'ONU, font valoir les auteurs.

Joseph Stiglitz et Linda Bilmes calculent que mille milliards de dollars, soit un tiers du coût total estimé de la guerre, auraient pu financer la construction de 8 millions de logements, le recrutement de 15 millions de professeurs, les soins de 530 millions d'enfants, des bourses d'études pour 43 millions d'étudiants, et une couverture sociale aux Américains sur les cinquante prochaines années. D'après les auteurs, l'administration Bush omet de prendre en compte dans son calcul plusieurs éléments cruciaux: bonus offerts pour attirer et conserver des recrues dans l'armée, coût de la couverture santé des vétérans et des pensions versées aux familles endeuillées, renouvellement des équipements sur le terrain, etc...

Au niveau macro-économique, le livre insiste sur le coûts des intérêts des emprunts relatifs aux dépenses engagées pour la guerre, et intègre dans ses calculs l'impact du conflit en Irak sur la flambée des prix du pétrole, alors que le baril est passé en cinq ans de 25 à 100 dollars. Sur ces 75 dollars de hausse, M. Stiglitz attribue 5 à 10 dollars à la guerre. Une estimation qu'il juge néanmoins conservatrice, mais qui suffit à démontrer qu'une guerre n'est pas toujours bonne pour l'économie.

DES CHIFFRES "EXAGÉRÉS" POUR LE PENTAGONE

"Ces chiffres nous semblent être exagérés", et les auteurs du livre "prennent en compte tout et n'importe quoi" dans leur calcul, a réagi lundi le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell, en évoquant l'ouvrage. "Le Pentagone a été extraordinairement transparent sur ce qu'il sait du coût de la guerre", a-t-il assuré. Selon les chiffres cités par le département de la Défense, 527 milliards de dollars ont été alloués de septembre 2001 à fin décembre 2007 au financement de la guerre contre le terrorisme, dont 406,2 milliards à la guerre en Irak, 92,9 milliards à la guerre en Afghanistan, et quelque 28 milliards à la sécurité nationale.

(Source AFP)

 

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